Histoire du Domaine de la Génestrie en Le Gâvre.

Le 17 juin 1938 à l’étude de Maître Alloche, notaire à Nozay, « l’œuvre du métallurgiste nantais » devient propriétaire du Domaine de la Génestrie au Gâvre.

La propriété est composée de 10 hectares de bois et de prés, un château, une ferme, une porcherie, des remises, du mobilier et l’argenterie compris, tout cela pour une somme de 250 000 francs.

Mais qui est cet « Œuvre  et « pourquoi cet achat ?

En fait, l’œuvre » est composée de 10 militants CGT, ouvriers métallo. En fait, ils représentent le Syndicat CGT nantais de la Métallurgie, ils sont des prête-noms militants.

Cette association é été créée pour ouvrir une colonie de vacances et un centre d’éducation ouvrières dans le courant de 1936 et des avancées des droits des travailleurs (40 heures, 15 jours de congés annuels, droits syndicaux,..).

Dans toute la France La Cgt se saisit des ces avancées pour créer de multiples projets.

En Loire Atlantique, le projet motive les responsables nantais en visitant plusieurs propriétés. Du côté sud de Nantes, à la vue de ces rouges, ils auront « indisposé la vicomtesse ».

ET c’est la propriété gâvraise qui est choisie, l’histoire dure depuis plus de 80 ans.

Le Domaine et le vendeur :

Sur la butte couverte de genêts, à la sortie du Gâvre en allant vers «Les Rotys», se trouvait une ferme et un moulin du XV ème siècle dont le propriétaire se nommait « Tribouille ».

Vers l’an 1880, Mr André de la Porterie devient le nouvel acquéreur de cette gentilhommière nommée « le Château de la Chaussée ». Ce nom disparaîtra au profit de la « Génestrie » à l’orthographe changeante : la Génêtrie, la Génestraie,….

Une fille Porterie, épouse Mr Maurice Chauvet (demeurant île de la Réunion), en prend possession. Et puis, c’est au tour de la Société Bernheim de Paris en 1919 pour arriver au Docteur Barbier en novembre 1922.

Il en fait un préventorium et construit sur l’aile ouest un solarium en 1924. Cet établissement ne sera jamais reconnu par les instances départementales sanitaires !

En fait, il finit par être un refuge de parents de la bourgeoise nantaise qui devaient être éloignées….

Ce monsieur était aussi un militants fascistes des « Croix de feux » (dissoute en 37 et renaissant en SPF pendant la guerre auprès des nazis) , organisation fomentant des attentats et autres crimes, … et notamment contre les militants de la CGT !!!

Son activité périclitant et son soutien financier à ses amis le mirent en faillite, il devait vendre en urgence et se furent…. les métallurgiste cégétistes !

Il y a des revirements de l’Histoire qui sont ainsi délicieux : ruiné et obligé de vendre à ses pires ennemis est une terrible peine qui ne nous attriste nullement!

Les Colonies de vacances :

Le 1er Août 1938, après quelques travaux aux normes quelques peu précaires à l’époque, s’ouvre la première colonie, 90 enfants nantais de 7 à 13 ans.

Elle fut précédée de l’inauguration le 17 juillet 38 par Benoît Frachon ( Secrétaire Général de la CGT) qui remplace Ambroise Croizat (Secrétaire de la Fédération de la Métallurgie) en voyage à L’étranger. C’est une fête magnifique avec une participation de tout le département venant en vélos de Nantes, en voiture de St Nazaire, en bis de Châteaubriant,…

Des personnalités en nombre : des maires (F.Blancho de St-Nazaire, Pageot de Nantes, Chatelain du Gâvre), L. Jouhaud de la CGT ( qui créera FO en 1947), Le directeur d’école, …

A noter que le Maire du Gâvre a accueilli ces nouveaux arrivants avec plaisir et aides, les préférant à « ces indésirables tuberculeux » … Depuis cette coopération avec les municipalités successives n’a d’ailleurs jamais changée !

Le 3 septembre, la colonie de 39 était interrompue, les enfants furent récupérés en urgence par leurs familles, la déclaration tragique de la guerre était imminente….

Cette période a été marquée par différents « locataires » :!

  • Fin 1939 ; le drapeau britannique flotte sur la Génestrie
  • Juin 1940, la croix gammée le remplace et la kommandantur s’y installe.
  • A l’hiver 43/44, l’école des garçons y est repliée, la Kommandantur envahissant leurs locaux.
  • De 1945 à 1646, bombardé à Doulon, l’Hôpital Bellier nantais y est accueilli, soignant en particulier les combattants de la Poche de St Nazaire qui commençait à Bouvron.

C’est qu’en 1947, 8 ans après, que la colonie retrouve ses locaux, pillés de son mobilier et de son beau lustre ! En juillet, Ambroise Croizat vient officiellement remettre les clefs .

Les dommages de guerre permettront de réaménager les chambres et les différentes salles.

Tombées en désuétude, les colonies cessèrent en 1984.

Après les Colonies, quel avenir ?

Un tel domaine coûte cher, le financement des colonie ayant cessé, les formations syndicales étant insuffisantes, la question de son maintien et sa vente était posée !

Refusant une telle séparation, l’Union Syndicales des Travailleurs de la Métallurgie de la Loire Atlantique (USTM 44), gérante de la Génestrie, décide de relancer son activité, autonomiser sa trésorerie et ses dirigeants.

Le 30 juillet 1987, ses statuts déposés, le Bulletin Officiel officialise la création de l’Union Fraternelle des Métallurgistes de Loire Atlantique (UFM 44) (association loi 1901).

Le 20 février 1988, la 1ère Assemblée Générale avec ses 24 adhérents-syndicats, élit son Conseil d’Administration formé 8 membres actifs (Président : Thierry Diquélou) et 2 présidents d’honneur, Pierre Gaudin et Gaston Jacquet (2 des 10 « acheteurs de la Génestrie en 38).

Cette création a instillé une ouverture à la location à un nouveau public (soit en semaine, soit en WE) créant des ressources financières nouvelles, stabilisant et équilibrant son budget.

Depuis, les 10 000 adhérents ont été dépassés, 68 syndicats, des Associations, une vingtaine d’individuels et 8 comités d’entreprises composent les adhérents.

La transformation du patrimoine a été continue depuis son achat :

  • la ferme a disparu, transformée en un logement pour les militants d’astreinte,
  • la salle de cours et de loisirs a été construite dans les années 60 et rénovée, agrandie en 2011 (360000 euros),
  • une salle de plonge/ chambres froides et une salle de douches ( transformée en stockage en 2018) ont trouvé leur place entourant au nord la tour, depuis plus 40 ans.
  • Une expo permanente d’anciennes photos retraçant l’histoire de la Génestrie.
  • Un espace handicapé de 3 chambres et d’une salle de bain spécifiques a été élaboré en 2016 au rez de chaussée du château.
  • Des peintures, de la décoration moderne, des ameublements récents, des réaménagements se succèdent au gré des finances disponibles.
  • Une annexe-barbecue est construit auprès de la salle de cour ainsi

« la cabane »  pour les poubelles en 2021.

  • Lors du 75ème anniversaire de l’achat de la Génestrie, cette salle a été baptisée

« Salle Ambroise Croizat » et la salle à manger du Château «  Salons Gaston Jacquet ».

  • Des arbres vieillissants ont été abattus sécurisant le parc. Un programme de reboisement est prévu dans les mois prochains….

Mais même les colonies disparues, pour le bien des enfants, l‘esprit originel a perduré avec une classe verte en collaboration avec l’Education Nationale pendants 4 ou 5 ans, les mesures de sécurité ont arrêté l’expérience intéressante !

A suivi l’accueil du centre aéré le Gâvre/ Vay et maintenant le centre de loisirs « Les Genêts » chaque mois de Juillet et Août avec un parc accueillant cabanes dans les arbres, jeux de piste dans les bois, et autres inventions.

Conclusion .

Bientôt, en 2023, l’UFM fêtera ses 85 ans de cet achat qui n’a de cesse de stimuler l’activité militante cégétiste, leur attachement à ce patrimoine dédié à la formation, à la culture, aux loisirs des salariés et des syndiqués.

Les locations sont prisées, il faut réserver un an auparavant. Certes, avec une réhabilitation constante de ses locaux, leur confort reste populaire avec des dortoirs, souvenirs des colonies de vacances. Mais le plaisir des divers locataires est toujours enthousiaste !

La période du Covid a suspendu son activité plus d’un an avec un manque à gagner important, privant de rentrées de trésorerie suspendant des rénovations pourtant nécessaires.

Ce n’est qu’un report et un retard sur notre programme de rénovations, courant encore plus de 10 ans.

La force de l’UFM, ce sont ses adhérents, ses militants/bénévoles, son Conseil d’Administration forts de plus de 30 membres, sa Commission de Contrôle Financier (5 membres) garante de la justesse des comptes du trésorier, le soutien permanent de la municipalité du Gâvre ( seule subvention annuelle).